04.07.2024
Une politique respectueuse du climat est aussi une politique respectueuse des droits humains! Les conséquences du changement climatique constituent une menace pour les droits humains: directe lorsque des populations doivent fuir des inondations ou lorsque des personnes vulnérables doivent se protéger des conséquences, parfois mortelles, de la canicule sur leur santé; indirecte lorsque des activistes du climat qui dénoncent l’inaction étatique subissent la répression des autorités. Aidez-nous à défendre et à exiger une politique climatique respectueuse des droits humains!
En réaction à l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire des Aînées pour le climat, le monde politique ne cesse d’argumenter que la Suisse en fait déjà suffisamment pour la protection du climat. En réalité, elle a échoué à remplir les objectifs climatiques de réduction des émissions de CO2 définis jusqu’à présent. Le plan d’action «Adaptation aux changements climatiques» du Conseil fédéral ne contient presque aucune mesure garantissant la protection des groupes vulnérables.
Et ce, bien qu’il soit prouvé que les populations vulnérables sont touchées de manière disproportionnée par les effets du changement climatique, tant dans les pays du Sud global, dans lesquels la Suisse est active dans le cadre de la coopération au développement, qu’en Suisse. Les personnes exposées à la discrimination et au racisme en raison de leur âge, de leur sexe, de leur santé, de leurs conditions de vie ou de leur statut socio-économique se trouvent plus souvent dans des situations compliquées, sur le plan de la vie tant privée que professionnelle, voire dans des situations de dépendance. Elles sont plutôt actives dans les secteurs de la construction, de la restauration – dans les régions touristiques – ou de la santé, qui les exposent particulièrement aux conséquences du changement climatique. Leurs lieux de vie sont fréquemment situés dans des endroits moins privilégiés – des quartiers plus bétonnés, plus pollués et moins résilients face aux canicules; aussi ces personnes sont-elles plus susceptibles de souffrir de diverses affections psychologiques et physiques. En Suisse aussi, certains groupes de population sont touchés par la discrimination: c’est le cas des habitant·e·x·s de Birr, dont la majorité sont migrant·e·x·s et n’ont pas pu s’opposer au projet de centrale à gaz, ne possédant pas de droits politiques.
C’est aussi le cas pour les personnes qui n’ont pas de permis de séjour, dont le niveau d’éducation est peu élevé ou qui ne disposent pas de ressources temporelles et financières suffisantes; elles ne peuvent donc s’engager dans des démarches d’assainissement de leur habitation ou de végétalisation de leur quartier par exemple – autant de mesures de protection efficaces contre les vagues de chaleur. Enfin, les personnes placées sous la tutelle de l’État ou de particuliers – les détenu·e·x·s, les pensionnaires de centres pour requérant·e·x·s d’asile, d’hôpitaux psychiatriques, d’EMS ou d’écoles – ne peuvent elles-mêmes se protéger des conséquences du changement climatique et comptent donc sur les responsables pour prendre en considération leurs besoins dans leurs politiques.
En parallèle, la Suisse soutient des projets de compensation d’émissions de CO2 dans les pays du Sud, qui sont controversés du point de vue des droits humains; il est en effet plus avantageux financièrement de les mettre en œuvre à l’étranger que sur son propre territoire. Le marché des certificats d’émissions de CO2 entre fondamentalement en contradiction avec le principe de justice climatique, selon lequel ce sont les principaux pays émetteurs qui doivent réduire leurs émissions le plus rapidement possible. De plus, les projets de compensation d’émissions de CO2 sous forme de projets de reboisement ou de protection des forêts représentent un danger pour les populations rurales et les communautés autochtones du Sud global et une atteinte considérable à leurs droits humains. En effet, ces projets accaparent en de nombreux endroits des terres agricoles ou excluent l’exploitation durable et traditionnelle des forêts, souvent sans que les populations concernées aient librement accordé leur consentement au préalable, comme le montre par exemple l’enquête de l’EPER sur un projet en Sierra Leone.
C’est pour ces raisons que humanrights.ch a choisi de mettre en lumière la thématique «climat et droits humains». En collaboration avec diverses ONG ainsi que des scientifiques et des journalistes, nous avons réuni dans une prise de position les principales revendications en faveur d’une politique climatique axée sur les droits humains en Suisse. Celle-ci est fondée sur le dossier que nous avons élaboré et les articles thématiques que nous avons approfondis, portant sur le droit à un environnement sain, les manifestations pour le climat ou encore le changement climatique en tant que motif de fuite.
Grâce à votre soutien financier, nous pouvons continuer de promouvoir et de revendiquer une politique climatique orientée sur les droits humains. Un grand merci!