19.04.2009
Le député socialiste au Grand Conseil bernois Roland Näf a déposé une plainte contre les fournisseurs suisses de Manhunt 2, jeu vidéo qui met en scène un meurtrier d’une violence excessive. Selon le parlementaire, il contrevient au Code pénal, qui interdit les représentations de violence brutale. Son réalisateur, Rockstar, estime, lui, « promouvoir la diversité des genres ». Selon le groupe multimédia IGN Entertainment, il s’agit du « jeu vidéo le plus sanglant jamais vu ».
Ce jeu vidéo apparentant au genre horrifique est interdit en Allemagne, en Irlande, en Italie, en Australie, et Nouvelle-Zélande, et les Etats-Unis ainsi que la Grande-Bretagne n’en n’ont autorisé la commercialisation que d’une version censurée. En Suisse, les fournisseurs avaient dans un premier temps opté pour ne pas le distribué car il « dépasse ce qui est tolérable en matière de représentation de la violence ». Mais, depuis fin 2008, la version américaine du jeu peut être achetée par les plus de 18 ans sur sol helvétique.
Autocontrôle : Code de conduite ‘national’
C’est la deuxième plainte que pose Roland Näf contre les fournisseurs suisses d’un jeu vidéo violent. Sa première plainte, pour laquelle l’accusé, chef d’une filiale de Mediamarkt avait été acquitté en juin 2008, avait été le premier procès en Suisse touchant à la vente de jeux vidéo violents. Dans le cas de Manhunt 2, les accusés sont cinq distributeurs, dont au moins un, City Disc, a signé le Code de conduite national de la Swiss Interactive Entertainment Association (SEIA), réunissant les fabricants, fournisseurs et importateurs.
Ce Code de conduite, lancé comme moyen de contrôle par la branche elle-même en octobre 2006 a pour but de promouvoir et de garantir en Suisse « une protection active des jeunes quant à l’âge limite autorisé de logiciels interactifs de loisirs et leur accessibilité » (elle publie des recommandations en terme d'âge minimum). Il n’existe en Suisse pas d’autorité chargée de vérifier que de tels produits sont sans risque avant leur mise en vente.
Réels ou virtuels, les droits sont les mêmes
À l’occasion de la Semaine du désarmement (du 24 au 30 octobre 2008), pro juventute et l’Association suisse contre l’impunité TRIAL, s’étaient penché sur le respect du droit humanitaire international dans les jeux informatiques et jeux vidéo de guerre. Ces deux organisations suisses estiment que ces jeux, qui incitent à faire preuve de violence virtuelle, doivent cependant respecter certaines règles éthiques, au moins celles qui sont valable dans la vie réelle. Ainsi, il est inacceptable qu’un joueur soit poussé à virtuellement exécuter un civil ou un prisonnier de guerre sans impunité, alors que le droit humanitaire international défend cette attitude et la rend punissable dans la réalité. Une étude à ce sujet est en cours.
- Les jeux de guerre virtuels ne doivent pas échapper au droit
Action de Pro Juventute et TRIAL , 22 octobre 2008 - Killergames – von der virtuellen zur realen Gewalt (n’est plus disponible en ligne)
Explications en allemand par le député Roland Näf - «Manhunt 2» devant les juges
20 minutes, 7 avril 2009
Information supplémentaire
- Manhunt 2 (jeu vidéo)
Information sur Wikipédia